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Genre : poésie en création
Développeur : Bugbear Entertainment (Finlande)
Éditeur : THQ Nordic
Plateforme : Windows
Téléchargement : 15 Go
Sortie prévue : NC
Langue : communication non verbale
Prix actuel : 30 €
Elle est la plus subtile des maîtrises, le plus fin des contrôles de soi. La délicatesse réside dans l’espace entre les choses : dans l’attente mesurée avant une parole, dans la place laissée à l’autre pour exister. En écrasant son pare-chocs contre la portière de la voiture devant nous, n’est-ce pas cet espace que nous réduisons, métaphoriquement, pour le sublimer ? Toi mon ami, toi mon frère, ce triple tonneau que je te fais faire « en te défonçant la mouille » – pour paraphraser Søren Kierkegaard –, n’est-il pas en réalité le plus bel acte d’amour et de tendresse qui soit ?

L’a beugné la bagnole, l’était impécab'

Emmanuel Levinas nous rappelle que l’éthique naît dans le visage de l’autre, dans cette responsabilité infinie que nous avons envers lui. Être délicat, c’est précisément reconnaître l’altérité non comme un obstacle, mais comme un appel à la bienveillance. Comment ne pas faire le lien avec les prémisses de ce Wreckfest 2, tant cette bienveillance est partout, tout le temps ? Et bam ! de la bienveillance, et bim ! de l’attention. En tamponnant ta carrosserie, jamais je ne t’agresse. Simplement, je dis : « Tu es là, je te vois, tu es important. »

Ces cicatrices, cette tôle que je plie à chaque virage, à chaque croisement, seront les marques indélébiles de notre fraternité. Quand je hurle « Tut tut ! », c’est « je t’aime » que je te susurre. Accepter l’arbre à cames qui arrache ton pare-brise, c’est accueillir cet amour, pleinement, viscéralement. Cette réception, sans réserve, mais avec réservoir, c’est un cadeau que tu me fais.
Bisous.

Carénage de raison

Certains, encore l’école des néo-capots bien entendu, ne voudront voir dans ce brouillon d’une future œuvre majeure que la redite du désormais classique Wreckfest publié en 2018 aux éditions Plomb fondu dans ta Gueule. Médisances ! Certes, quatre véhicules, cinq circuits (sur trois petites cartes) et une arène ne permettent pas encore de pleinement faire le tour de la question métaphysique que l’auteur prend à bras-le-garde-corps, et c’est à peine un article qui sert à peine d’introduction, mais quelle ambition !

En refaisant son moteur graphique, Bugbear va vers le beau. En cela, il nous prouve déjà que l’esthétique compte à la condition de ne pas être une coquille vide. L’auteur, au contraire, cherche à démontrer que cette beauté n’a de sens que couplée à un moteur physique repensé, que ce qui est beau procure du plaisir à qui le regarde ou le touche. On retrouve, en miroir, la délicatesse comme sujet central. Alors on touche, on caresse, on frôle, on défonce, on empale, on pulvérise et on met sur orbite.

En tamponnant ta carrosserie, jamais je ne t’agresse.

Hé Ducon ! Tu l’avances ton char ?

Les Presses Hydrauliques Universitaires de France ne s’y trompent pas, en ouvrant dès maintenant le brouillon de ce qui sera, à n’en pas douter, la plus grande somme philosophique sur l’importance de la caresse depuis « Lotus : une analyse phénoménologique de la triple épaisseur ».

La portée pour l’humanité n’est donc pas en question. Faut-il, en revanche, se jeter sur ce premier jet d’un auteur réputé pour prendre son temps, faire des pauses réflectives qui durent parfois plus de six mois ? Je vous dirais oui, à moins que vous ne préfériez relire ou vous procurer chez un bouquiniste le premier opus de son œuvre, préférant attendre de découvrir l’analyse complète dans un long moment, mais avec plus de chair autour des os. Je ne vous force à rien, les deux options sont acceptables et je suis un être soucieux de votre liberté. La délicatesse, toujours.

En l'état

Perco le 15 avril 2025
Page 24 : « Vroum vroum, tut tut, biiiiiim, en plein dans ton châssis ! », quel auteur incontournable ! Foncez, au sens propre comme au figuré, si le plaisir de la conduite vous fait oublier que c’est encore plus une grosse démo technique qu’un jeu presque fini. J’en ai encore des larmes plein l’essieu.
Sans danger