Mémoire : 16 Go LPDDR5, 6400 MHz
Stockage : 512 Go ou 1 To (SSD PCIe Gen 3×4)
Écran : 1280 × 800 7,4 pouces, 90 Hz, OLED
Date de sortie : 16 novembre 2023
Prix : 569 € (modèle 512 Go), 679 € (modèle 1 To)
| Modifié le le 1 juin 2024
Valve nous l’avait promis, on ne verrait pas de véritable successeur au Steam Deck avant un bon bout de temps. Et en un sens, l’entreprise a tenu promesse : le Steam Deck OLED n’est pas un vrai Steam Deck de nouvelle génération. Mais ce n’est pas non plus qu’une évolution conscrite à un nouvel écran un peu plus joli, bien loin de là. C’est une collection d’évolutions, qui, mises bout à bout, emmènent bien le bestiau vers une véritable métamorphose.
Faire beaucoup avec peu.
Si l’on accepte de ne pas appeler le Steam Deck OLED un « Steam Deck 2 », ce n’est pas seulement parce que son apparence externe n’a presque pas changé, c’est surtout parce que le cerveau de la machine ne connaît aucune évolution de ses specs et de sa puissance de calcul. C’est bien toujours l’APU Van Gogh conçu par AMD en partenariat avec Valve qui anime la bête, avec ses 4 cœurs CPU Zen 2 et ses 8 unités graphiques RDNA 2. Il résiste donc à l’appel de la nouveauté, même face à la concurrence des machines à base de Ryzen Z1 Extreme sur architecture Zen 4/RDNA 3, Asus ROG Ally en tête (on y reviendra). Seul mini-changement à noter : les 16 Go de mémoire vive LPDDR5 sont désormais cadencés à 6400 MHz au lieu de 5500. On trouve bien quelques rares cas de jeux où cela éradique quelques saccades isolées, mais ce n’est rien qui sort de l’anecdotique. Pour autant, ça ne veut pas dire non plus que rien ne change du côté du silicium. Le process TSMC 7 nm est troqué contre du 6 nm, ce qui signifie une puce un peu plus petite, qui consomme et chauffe moins. Oh, pas de beaucoup, la différence est de l’ordre de 2 ou 3 W en pleine charge. Mais sur une puce au TDP de 15 W, c’est déjà significatif.Comment ça, ça monte pas de prix ?!
On serait presque choqué de voir ce genre de comportement dans notre économie, mais Valve ne profite même pas du lancement du Steam Deck OLED pour augmenter significativement le prix de sa machine portable. Le modèle 512 Go s’échange contre 569 €, seulement 20 € de plus que ce qu’il fallait précédemment dépenser pour le modèle LCD 256 Go. Quant au modèle OLED 1 To, il remplace le modèle LCD 512 Go exactement au même prix (679 €).
Enfin, l’offre d’entrée de gamme à 419 € reste un modèle LCD, mais embarquant un SSD de 256 Go, au lieu de 64 Go d’eMMC précédemment. C’est une belle évolution, mais il va sans dire qu’on vous le déconseille tout de même fortement : les évolutions du Steam Deck OLED méritent très largement les 150 € supplémentaires si l’on peut se permettre de les investir.
Alchimie organique.
Mais on ne va pas tourner autour du pot : oui, c’est bien ce nouvel écran OLED qui est la star du spectacle, ne serait-ce que parce qu’il remplace l’écran LCD extrêmement médiocre du modèle de lancement. Son problème n’était pas tant sa définition, qui reste de toute façon inchangée sur le nouveau modèle (1280 × 800, ce n’est pas le grand luxe, mais c’est parfaitement acceptable pour du jeu sur portable), que sa colorimétrie franchement défaillante, aux teintes désespérément fades, ternes. Avec le passage à des diodes organiques, on pouvait déjà être à peu près certain que ce serait beaucoup mieux. Cela dit, on ne s’attendait pas pour autant à ce que ce soit à ce point mieux.
Bain de lumière.
« HDR », voilà les trois lettres magiques qui permettent à l’écran du Steam Deck OLED de tant briller (au propre comme au figuré). Grâce à un prodigieux tour de passe-passe réalisé au sein du compositor Gamescope*, les jeux compatibles exploitent sans aucune retenue toutes les capacités de l’afficheur, qui s’avèrent époustouflantes. Pic de luminosité à 1000 cd/m² avec gestion de l’ABL presque indiscernable ; couverture colorimétrique ultra large au point de dépasser sensiblement l’espace DCI-P3 ; color volume quasi parfaite puisqu’il s’agit d’une dalle RGB (et non WRGB comme la vaste majorité des téléviseurs et moniteurs OLED)… Si vous vous sentez largué, retenez simplement ceci : le Steam Deck affiche un meilleur HDR que mon propre écran OLED domestique de bourgeois d’esthète, qui, bien qu’il soit l’un des plus réputés du marché, plafonne à 650 cd/m² et 95 % de DCI-P3. Il ne fait strictement aucun doute que pour l’écrasante majorité de ses utilisateurs, le Steam Deck OLED saura procurer une expérience HDR incommensurablement supérieure à ce dont ils ont l’habitude sur leur écran de jeu classique. C’est un nouveau monde que ces gens-là découvriront en voyant un Cyberpunk 2077, un Hellblade, ou un Resident Evil 4 Remake s’affichant avec autant de vivacité et de relief.* Regardez à ce sujet la présentation donnée par Joshua Ashton, développeur chez Valve, lors de la conférence XDC le 17 octobre 2023 : cpc.cx/Gamescope
Génération 90's.
Après tout ça, on oublierait presque de mentionner que le nouvel écran gagne aussi une fréquence de rafraîchissement pouvant atteindre 90 Hz au maximum, et ajustable jusqu’à 45 Hz. L’intérêt n’est pas seulement de pouvoir jouer à 90 i/s aux jeux les moins gourmands – même si l’on ne boude pas son plaisir en pratiquant Ori and the Will of the Wisps à cette fréquence (c’est aussi d’ailleurs un jeu au HDR absolument somptueux, est-ce que je vous ai bien dit à quel point l’écran du Steam Deck OLED est incroyable en HDR ?). C’est aussi de pouvoir verrouiller le frame rate des jeux gourmands à des valeurs plus basses, tout en maintenant une fréquence de rafraîchissement qui corresponde à un multiple de cette valeur. Ainsi par exemple, un jeu verrouillé à 40 i/s peut être combiné à un rafraîchissement non pas à 40 Hz comme sur Steam Deck LCD, mais à 80 Hz ; il en résulte des saccades moins violentes lorsque le frame rate tombe en dessous de sa cible, et une latence à l’affichage sensiblement réduite. Évidemment, le mieux aurait encore été une compatibilité FreeSync/VRR, mais il n’en est rien. Allez, ce sera pour le refresh de l’an prochain.Les reflets de la discorde
Comme le modèle LCD 512 Go avant lui, le Steam Deck OLED 1 To (celui que nous avons testé) voit son écran recouvert d’un verre micro-texturé « anti-reflet ». Il fait cependant un peu polémique, car certaines voix se sont élevées pour l’accuser d’abîmer les avantages de la technologie OLED, c’est-à-dire ses noirs d’encre et ses couleurs très saturées.
Passons rapidement sur la question des couleurs, puisque l’argument ne tient tout simplement pas debout du point de vue de la physique. Il sous-entend que la texture du verre empêcherait certaines longueurs d’onde de passer, ce qui n’a pas de sens. S’agissant des noirs en revanche, il y a un fond de vérité : la façon qu’a la micro-texture de diffuser la lumière incidente peut, dans certaines conditions très spécifiques, donner comme l’impression d’un léger voile surélevant les noirs. Difficile cependant d’affirmer que ce mal est vraiment pire que le côté « miroir » de l’écran du modèle 512 Go. Entre les deux, c’est avant tout la préférence personnelle qui doit dicter la décision (puisque même si l’on choisit le modèle 512 Go, il est toujours possible de remplacer le SSD, ce qui reviendra au même prix voire un peu moins cher que d’opter directement pour le modèle 1 To).
Sending out a Steam OS.
Le Steam Deck OLED arrive dans un contexte concurrentiel qui a bien changé depuis un an et demi, galvanisé justement par le succès du Steam Deck original. Sa principale rivale aujourd’hui s’appelle Asus ROG Ally, suivie de près par d’autres combattants plus ou moins sérieux (voir la page 67 de ce magazine). Leur point commun est de s’articuler autour de la fameuse puce AMD Ryzen Z1 Extreme que l’on mentionnait plus haut, à l’architecture bien plus moderne. Mais si cette dernière est effectivement sensiblement plus puissante dans l’absolu que la puce Van Gogh du Steam Deck, elle est en revanche bien moins efficace énergétiquement : ce n’est qu’en avalant 25 W ou plus qu’elle donne sa pleine mesure, avec les conséquences attendues sur l’autonomie de sa machine d’accueil. À 15 W comme le Steam Deck, elle perd déjà une bonne partie de son avance sur ce dernier ; et en dessous de cette valeur, elle s’effondre littéralement. De son côté, le Steam Deck reste capable de faire tourner des jeux anciens ou peu gourmands en se limitant à 12 W, 10 W, 7 W, parfois même moins que ça. Combiné à tout ce que l’on a dit plus à propos des avantages conférés par son nouvel APU en 6 nm, cela le place sur une échelle tout autre en matière de nomadisme. Alors d’accord, il ne saura pas faire tourner tous les gros AAA de la terre, et les choses n’iront pas en s’améliorant : on a abandonné avant même de la tester l’idée de jouer confortablement sur Steam Deck OLED à Alan Wake 2 ou Avatar: Frontiers of Pandora – et pas seulement parce qu’aucun de ces deux-là n’est disponible sur Steam. Tant pis, il n’est pas fait pour ça.